5 juin 2015

Extrait de "Lettres à un jeune poète" de R. M. Rilke

Voici un texte que j'avais envie de vous partager et diffuser, extrait du livre "Lettres à un jeune poète", de Rainer Maria Rilke. Il m'avait été donné par une personne très peu de temps avant que je ne commence mon voyage à vélo l'été 2011. Il était tout à fait d'actualité à l'époque, et il me fait encore beaucoup écho aujourd'hui.


"Réjouissez-vous de votre marche en avant; personne ne peut vous y suivre.
Soyez bon envers ceux qui restent en arrière, sûr de vous et tranquille en face d'eux.
Ne les tourmentez pas avec vos doutes. Ne les effrayez pas par votre foi, par votre enthousiasme: ils ne pourraient comprendre.
Cherchez à communier avec eux dans le simple et dans le fidèle: cette communion ne doit pas nécessairement subir les mêmes transformations que vous.
Aimez en eux la vie sous une forme étrangère.
Ayez de l'indulgence pour ceux à qui l'âge fait redouter cette solitude à laquelle vous vous abandonnez.
Evitez de nourrir le drame toujours pendant entre parents et enfants; il use tant la force des enfants, et il épuise cet amour des vieux qui n'a pas besoin de comprendre pour agir et pour réchauffer.
Ne leur demander pas conseil. Renoncez à être compris d'eux.
Croyez seulement en un amour, qui vous est gardé comme un bien d'héritage. Soyez certain qu'il y a dans cet amour une force, une bénédiction qui peuvent vous accompagner, aussi loin que vous alliez."

"Il meurt lentement...", un texte de Pablo Neruda

Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu.

Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés.

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.

Vis maintenant !

Risque-toi aujourd'hui !

Agis tout de suite!

Ne te laisse pas mourir lentement !

Ne te prive pas d'être heureux !

PABLO NERUDA, prix Nobel de littérature 1971