2 mars 2012

Les Amanins



Pendant les Rencontres de l'Ecologie, je suis allé visiter Les Amanins, un centre de séjour et de formation en agro-écologie. C'est un lieu où je devais passer en wwoofing en octobre, et que j'avais finalement annulé pour diverses raisons personnelles. Pendant cette visite, j'ai rencontré Sophie, wwoofeuse pour tout le mois de février, et en voyage également depuis 6 mois, sur des thématiques similaires aux miennes.
L'après Rencontres de l'Ecologie était donc tout trouvé: du wwoofing aux Amanins pour découvrir le lieu, et prendre le temps de se rencontrer un peu plus avec Sophie.

Ambiance Pays de l'Est, avec Youri & Svetlana.

Les Amanins, dans les grandes lignes


Le fil rouge des Amamins est d'essayer de trouver des réponses concrètes à la double question "Quelle planète laisserons nous à nos enfants & Quels enfants laisserons nous à notre planète?". C'est une recherche de cohérence et d'équilibre, avec la nature, entre humains, qui se conjugue autant au présent qu'au futur, dans un souci de durabilité et de transmission.
Ainsi, tout cela se matérialise à travers:
- les bâtiments, tous construits ou rénovés en matériaux naturels, et en très grande partie auto-construits
- l'alimentation, en tirant au maximum profit de ce qui est produit sur place (maraîchage, céréales, oeufs, lait, yaourts et fromages)
- l'énergie (chauffe-eau solaire, chaudière bois, panneaux photo-voltaïque, éolienne)
- des rejets minimums et traités ou valorisés (peu d'emballages, toilettes sèches, compost)
- une école primaire à pédagogie coopérative

Pour en savoir plus sur les Amanins, je vous laisse consulter leur site internet, très complet et agréable à parcourir.


Froid mordant et chaleur humaine...

Cette deuxième quinzaine de février n'est pas des plus accueillante: il fait froid, très froid... (jusque -15°C) avec un vent qui souffle fort, très fort...! La maison où nous logeons avec Sophie est froide, très froide: 8°C, et il n'y a plus d'eau chaude, les conduites ayant gelées.
Nous alimentons et surveillons de près le fourneau-bouilleur pour tenter de faire monter la température, et pour nous permettre d'avoir de l'eau chaude...
Heureusement, ces conditions difficiles sont compensées par l'attention et la bienveillance de l'équipe des Amanins. Un grand merci à vous, Houari, Alejo, Hugo, Isabelle, Marion, Sylvain, Laurie, Lauriane & Michel, avec une attention toute particulière pour Michel Vi. avec qui nous avons beaucoup travaillé et qui gardait un œil sur le poêle, et à Nathalie et Dominique pour avoir été aux petits soins avec nous.

Côté wwoofing

En combinant période de grand froid et vacances scolaires, le rythme est au ralenti. Les besoins se concentrent surtout sur l'élevage.
Michel s'occupe de la traite, et avec Sophie nous soignons (nourriture, eau, litière,...) les animaux: brebis râleuses, chèvres bagarreuses, petits cochons criards (casque anti-bruits fortement conseillé à l'heure du repas), poules fugueuses, bouc fier, bélier tranquille, agneaux et chevreaux joueurs.
C'est aussi le moment privilégié pour se lancer dans le nettoyage de la cuisine et de la plonge.
Le reste de la journée est rythmé par des petits coups de main par-ci par-là: fabrication du pain avec Houari, épluchage en cuisine avec Sylvain et Marion, et bien sûr l'incontournable et quotidien chantier "fendre et rentrer du bois" pour le poêle!

Brebis à l'heure du déjeuner.
Les chèvres réclament du rab.

Un point sur l'école

L'école primaire des Amanins s'axe sur la question "Quels enfants laisseront nous à notre planète?". Il existe de nombreuses pédagogies alternatives (Steiner, Freinet, Montessori, etc...). Ici, c'est une pédagogie aux influences multiples, mais le maître-mot reste la "coopération". N'ayant pas beaucoup côtoyé Isabelle l’institutrice et les enfants, je ne saurais pas bien en parler. Je vous invite donc à explorer le volet école du site internet.
Je ne sais pas si ce serait la pédagogie à mettre en place à une plus grand échelle, mais dans tous les cas, c'est une pédagogie qui m'interpelle car elle ouvre une voie plus épanouissante pour les enfants. Un film très intéressant et instructif a d'ailleurs été réalisé, vous pouvez en visionner un extrait ICI.

Cours de récré au grand air!

Le second point très important que je souhaite aborder ici, c'est la volonté que cette école soit accessible au plus grand nombre. Les coûts de scolarité et de cantine sont réduits au minimum pour que les familles à faible revenu puissent y accéder.
Comment est-ce possible? Et bien c'est très simple: le troc! Pour chaque enfant scolarisé, les parents doivent une dizaine de demi-journées d'aide à la structure, en fonction des besoins et compétences de chacun: cantine, ménage, chantier bois, etc...! C'est une dépense de moins pour les Amanins, et donc un accès facilité pour les familles! Le second bénéfice, c'est la connaissance du lieu et de l'équipe pour les parents, qui favorise alors son implication dans la scolarité de leurs enfants!

Qq impressions

Après qq mois de voyage, mon envie d'aller aux Amanins s'était peu à peu réduite... car je voulais surtout découvrir des lieux "de vie". Aux Amanins, seul Dominique vit sur place, le reste de l'équipe vit à l'extérieur.
La rencontre avec Sophie m'a donc amené à finalement passer par ici.
Effectivement ce n'est pas un lieu de "vie", mais il s'y passe de belles choses. Tout d'abord, c'est une scop (société coopérative de production), rassemblant des salariés associés et des gérants, tous ayant le même pouvoir de décision. On y trouve aussi l'équité des salaires (le même taux horaire pour chacun) et une hiérarchie souple et ouverte, chacun étant responsable de son domaine.
Ce qui m'a le plus marqué, c'est de voir une équipe aux profils et aux caractères très différents, voir même opposés, mais qui a réussi le pari de "faire ensemble". Ici, plutôt que d'engendrer des "conflits", ces différences sont plutôt source d'enrichissement, grâce à l'ouverture d'esprit et au caractère humaniste de chacun. Il est clair que ce n'est pas rose tous les jours, mais dans tous les cas c'est joliment coloré!


Naissance et printemps

... Sur la fin de mon wwoofing, une chèvre a mis-bas de sa première portée: 3 petits, un seul rescapé...
Le survivant était aussi petit que mimi, ouvrant à peine les yeux, se tenant à peine debout, avec du mal à trouver la mamelle maternelle, la bouche trop petite pour le trayon gonflé de lait, tombant à terre à chaque léchouille de sa mère... Avec un petit peu d'aide, nous avons pu le faire téter, et ses jours n'étaient plus en danger!


... La vague de froid a subitement laissé la place à un printemps précoce: dernier déjeuner aux Amanins en extérieur. Un soleil bienvenu pour ce dernier repas, et de bonne augure pour reprendre le vélo direction le Diois! Vive le printemps!



1 commentaire:

  1. Très heureux de ce reportage d'un super WWoofeur, parmi tant d'autres... C'est un plaisir pour moi, seul résident permanent aux Amanins, d'accueillir cette jeunesse ardente, friande de "main à la patte" et de découvertes. Et celle de personnes humaines vaut tout autant que leurs pratiques écologiques. Ma diminution digitale par une scie circulaire, m'empêche d’œuvrer, certes, mais surtout pas de causer, surtout après le grand froid. Moins pris par la tête, c'est un moment béni pour le langage du cœur. Vivement la reprise tout de même, car les travaux tout comme mon organisme pâtissent de cet arrêt...
    Bons coups de pédales à toi, Nicolas cyclo-wwoofeur en quête d'une vie vivifiante à vitesse modulée !
    Si cette régulière retransmission pouvait offrir à un plus grand nombre l'idée de prendre un peu "la poudre d'escampette". Ce serait un super bonus pour ton audace, Nico.

    Dominique

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