Le départ de Die est difficile, ce qui se traduit par une préparation à rallonge des sacoches... je les boucle seulement en fin d'aprèsmidi, puis c'est l'heure de qq aurevoirs et étreintes avant que le vélo ne reprenne du service.
Depuis la veille, je me sens un peu plus rassuré car un lien est déjà
tissé avec ma prochaine étape: j'ai passé la fin
de ma soirée de départ avec Maeva, qui, l'an dernier, a
passé une saison en alpage, à qq heures de marche
au-dessus du hameau où je me rend. C'est étonnant de
boucler l'étape dioise avec une amie qui connait le secteur
vers lequel je me met en chemin!
L'appréhension
et la tristesse de quitter Die s'effacent dans les premiers
kilomètres, le goût de l'inconnu et l'exaltation de la
nouveauté reprenant le dessus... d'autant plus que ma
destination est attrayante: un bal folk dans un hameau à 1300m
d'altitude, sur les contreforts du massif du Queyras, isolé en
montagne et sans accès routier!
La
route est belle, elle s'engage dans les gorges des Gâts,
m'offrant un itinéraire calme, ombragé, peu fréquenté,
en bord de rivière, et sous de belles falaises.
C'est en
sortant des gorges que l'itinéraire se fait plus rude: 5 mois
que je n'ai pas roulé chargé et je m'attaque aux
premiers lacets qui grimpent en direction du col de Grimone... que j’atteins éreinté juste avant que la nuit ne tombe!
Me
voilà à une des portes de sortie du Diois... pour une
nuit de ponctuation: est-ce un "point final" ? une
"fermeture de parenthèse" ? ou bien des "points
de suspension" ? Je penche volontiers pour la troisième
option!
Le
lendemain matin, je me place précisément au col, où je
reste qq minutes immobile, au point le plus haut, à la
charnière, à la bascule, à cheval entre le Diois
et ce qui suivra: tout en apercevant la suite, je vois encore d'où
je viens... puis je m'élance.. un tour de pédalier plus
loin, et le Diois a déjà disparu dans mon dos, laissant
la place libre à tout ce qui va suivre...
La descente est agréable mais un peu frustrante: seulement 4 km
trop rapidement parcourus, avant de rejoindre la nationale qui file
en pente douce en direction de Gap. Qq km avant Veynes, je rattrape
un autre vélo chargé de sacoches. A son guidon, une
charmante jeune suédoise, parcourant un morceau d'Europe en
vélo et train pour ses vacances, faisant le point sur ses
désirs et besoins: poursuivre ses études ou voyager?
Après une halte au très sympathique marché de
Veynes, nous rejoignons les rives du Petit Buëch pour un
aprèsmidi baignade et discussions. Malgré mon faible
niveau en anglais, nous réussissons à communiquer et a
avoir un bel échange, avant que nos chemins se séparent:
elle part rejoindre un ami vers le Sud, et de mon côté,
je me remets en selle vers l'Est. Je suis ravi de cette rencontre,
car c'est la première fois que je passe véritablement
du temps avec une autre personne itinérante à vélo,
et celle ci était particulièrement charmante!
Plus
loin viens la descente sur Gap, que je traverse rapidement pour
trouver un bivouac à l'écart de la ville. Il m'aura
fallu presque une heure à tourner en rond pour enfin trouver
un emplacement calme, assez éloigné de la nationale,
des habitations et des canons d'irrigation!
Le
lendemain est riche en beaux paysages: lac de Serre-Ponçon
avec arrêt baignade et toilette, balcons de la Durance, puis la
montée vers le hameau de Champaussel.
Le dernier épisode
de la journée est d'anthologie: je n'avais avec moi qu'un
numéro de téléphone et un petit plan, tracé
à la main. J'imaginais une montée tranquille sur les
hauteurs de St Crépin... je grimpe, je grimpe, je grimpe.... j’enchaîne les lacets bien raides et serrés... j'arrive à
bout de souffle et à court d'eau. Je m'arrête à
une maison sur le bord de la route: ses habitants me ravitaillent en
eau et m'offrent qq barres de céréales, m'expliquent
que le plus dur est fait et qu'il me reste encore entre 2 et 3 km de
montée. Ils me proposent même de me monter en voiture
avec mon vélo et les sacoches! Mais je préfère
terminer à vélo, histoire de dire que je suis arrivé
jusqu'au bout à la seul force de mes mollets!
Plus
loin, j'arrive enfin à la fin de la route bitumée pour
m'engager sur une piste en terre... qui descend! Je n'aime pas bien
cela, si ca descend, c'est que ca risque de remonter plus loin...!
Heureusement pas: j'arrive sur un pan de montagne ouvert sur la
vallée, je gare mon vélo au milieu des voitures, puis
je trie mes affaires pour me refaire un sac à dos: la journée
n'est pas finie: encore 20 minutes de rando et une traversée
de torrent pour enfin atteindre le hameau de Champaussel!
Sur
place, je suis étonné et ravi de retrouver deux connaissances: Pascal, un membre actif des Rencontres de l'Ecologie de
Die, et Aurélia, rencontrée à la Nuit du Folk, qui m'avait donnée l'info sur Champaussel.
Je
rejoins la soirée déjà commencée: une
sorte de soirée cabaret avec musiques, danses, contes, chants,
... avant de passer une bonne nuit sous la tente!
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