Il me faudra 3 jours pour avaler les 200 km qui séparent Mens de Eourres. J'aurais pu prendre plus court et plus rapide, par la nationale qui monte le col de la Croix Haute, mais j'ai choisi un itinéraire plus calme, avec moins de circulation. Je quitte donc le Trièves pour basculer dans le Diois, d'où je rejoindrai le Buëch, voisin des Barronnies provencales!
Jusque dans le Diois, je connais déjà la route... mais pour après, aucune idée de ce qui m'attend. Seule la carte me permet de deviner des petites routes qui serpentent, sans savoir si le relief sera doux ou plus ardu?!
J1: De Mens au Chaos du Claps, par le col de Menée (1457m)
Au départ de Mens. |
Le trajet démarre donc par une longue descente vers la route Napoléon... Les descentes, c'est à la fois un régal et une appréhension: la vitesse est grisante, les jambes se reposent, les bras sont souvent très sollicités lorsqu'il faut retenir son corps poussé vers l'avant lors d'un gros freinage juste avant une épingle, l'attention est constante pour bien négocier un virage et surveiller les éventuelles cailloux et gravillons... et évidemment, quand un col est prévu pour la suite, plus on descend et plus on aura à remonter!
A Clelles, je discute qq minutes avec 3 jeunes en vacances à vélo, qui arrivent du Col de Menée. En voyant que je pédale tout seul et mon lot de sacoches, ils me souhaitent bien du courage!
Sitôt la nationale traversée, la grimpette commence: 700 m de dénivelé à avaler en 14 km....
L'ascension se déroule beaucoup mieux que ce que j'imaginais: seul le début à été difficile, sous un soleil de plomb. A mi chemin, je fais une pause picnic: j'avale une boite de maquereaux et qq biscuits, et hop en selle!
Je monte la seconde partie étonnamment vite: je me sens plein d'énergie, et surtout la route est ombragée! Seules 2 voitures me doublent avant le col, me klaxonnant pour m'encourager: merci! Qq virages plus loin, j'arrive enfin au panneau "Col de Menée 1457m": ici je basucle de l'Isère à la Drôme, et du Trièves au Diois.
Au col, les paysages du Diois apparaissent: on change soudainement de végétation, de climat, et de profils de montagnes. La route plonge devant moi: c'est parti pour 21 km de descente!
Entrée dans le Diois. |
Une demi-heure plus tard, j'arrive donc à Chatillon en Diois où je croise une couple de cyclistes en tandem avec qui je partagerai une bonne bière pression en terrasse! Le village brasse beaucoup de touristes à cette saison, et je n'ai donc pas envie de rester par ici pour la nuit... Le temps de faire qq courses pour mon repas du soir à la supérette, et je repars plus au sud. Je pédale jusqu'à la sortie de Luc-en Diois, pour aller observer le "Chaos du Claps": ce sont d'énormes blocs de roche qui se sont décrocher de la montagne lors d'un séisme en 1442, obstruant la rivière, et créant ainsi "Le saut de le Drôme". Au-dessus, on observe une magnifique dalle lisse inclinée d'où le pan de montagne s'est décroché, où des voies d'escalade ont été équipées.
Le Chaos du Claps. |
Qq centaines de mètres plus loin, la charmante pelouse d'un camping à la ferme m'invite à planter la tente pour une douche chaude, un vrai bac pour laver mon linge et une bonne nuit bien méritée!
J2: du Chaos du Claps à Orpierre: dur, long et chaud!
La journée démarre par la rencontre d'un italien à vélo, revenant de Compostelle. Il voulait rouler vers Gap pour trouver un atelier de cycles car qq rayons de sa roue arrière avaient lâchés sous le poids de ses bagages. Moi je redescend tranquillement vers Luc en Diois, où je déguster un bon café en terrasse, face au marché provençal. De nombreux badauds me regardent d'un drôle d'oeil, moi et mon vélo harnaché de ses sacoches, mais sans qu'aucun n'ose venir me questionner... Peut-être me prennent-ils pour un hurluberlu, ou bien un étranger ne parlant pas un mot de français...?
Il est 9h00 du matin et il fait déjà bien chaud lorsque je quitte Luc-en-Diois... Les 3 maîtres-mots du jour sont sans hésiter: dur, long et chaud!
Sur ma carte, aucun col, juste une petite route qui zigzague ... Sur le terrain, ca donnera 3 longues montées et 3 longues descentes, pour passer les cols de Prémol (963m), de Pommerol (1072m) puis de la Flachière (870m) pour un total de 90 km! Pendant la montée vers Pommerol, j'ai été obligé de m'arrêté pendant 4 heures, il faisait trop chaud pour pédaler. J'en ai profité pour faire la sieste, grignoter un reste de pain et de miel, et faire qq photos de qq petits nuages se promenant dans le ciel.
En route vers le col de Pommerol. |
Je suis remonté sur le vélo en fin d'aprèsmidi, profitant ensuite de la douceur du soir pour rouler jusque Orpierre, où un chouette camping m'attendait. J'y suis arrivé en même temps que la nuit (merci la dynamo sur le vélo pour être bien visible!) et j'ai pu poser ma tente sur le dernier emplacement disponible. Petite pensée pour Thierry et Hervé avec qui j'avais passé une nuit dans ce camping au printemps, pour un we mémorable d'escalade sur les sites d'Orpierre et des gorges d'Agnelles.
J3: de Orpierre à Eourres, par les gorges de la Méouge
Pour rejoindre Eourres, qui se situe dans une autre vallée qu'Orpierre, le plus court est de passer par le col Saint Jean (1158m)... Même si on me dit qu'il est très joli, je choisi de contourner la montagne, pour passer retirer un peu d'argent à Laragne, m'éviter un col, et remonter les gorges de la Méouge réputées magnifiques.
La remontée des gorges est en effet très agréable, sauf qu'à leur sortie, après avoir suivi le panneau de direction "Eourres", ca grimpe de plus en plus! La route est étroite et déserte, elle remonte un petit vallon sauvage, et grimpe de plus en plus fort...!! J'en bave, je m'arrête qq minutes pour reprendre mon souffle. Qq virages plus loin, j'aperçois enfin qq maisons au loin! Ouf!
Une centaine de mètres plus loin, je réalise que j'arrive au col d'Araud (893m).. d'où je vois très bien le petit village d'Eourres face à moi: il a même l'air d'être un peu plus haut que le col!. Entre nous, il y a donc la descente du col, puis une nouvelle montée... Je ne suis vraiment pas emballé par les derniers kilomètres à parcourir!
[Après qq discussions et recherches, l'option de passer par le col Saint Jean aurait été la plus facile: plus court, moins de km, et finalement moins de dénivelé à grimper... Le col d'Araud, c'est en moyenne 6,3%, avec un max de 10%; et en partant de Laragne, c'est plus de 20 km de montée jusque Eourres]
C'est donc bien fatigué, les jambes tremblotantes et les fesses endolories, que j'arrive à Eourres. J'y croise Marine, une wwoofeuse déjà sur place depuis qq jours, qui m'amène jusque Michel, le père de famille chez qui je viens en immersion. Il m'emmène près de la maison qu'ils auto-construisent, pour me montrer où poser ma tente... Ici, tous les terrains sont en pente, et je finis la journée avec une pioche entre les mains, pour me faire un emplacement à peu près plat! Ce me fait assez bizarre comme accueil, mais étant donné que demain, c'est dimanche et donc repos, c'est une contribution au travail pour les repas du we que je prendrai avec la famille.
Arrivée à Eourres. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire